Château de la Forêt
Une Folie ?
Au sein de la forêt du Cellier, sur la route de Ligné, il existe un superbe édifice néoclassique.
On l'appelle le château de La Forêt, mais il pourrait être rapproché des "Folies" de la région nantaise. À l'instar des "malouinières" du côté de Saint-Malo, ou des "chartreuses" dans le Bordelais, les Folies nantaises sont de magnifiques maisons de campagne édifiées par de riches négociants, armateurs, ou magistrats de la seconde moitié du XVIIIe (le Grand Blotereau en est un bel exemple). Elles marquent d'abord la réussite sociale de leurs propriétaires et les distinguent des catégories inférieurs du commerce ou du petit négoce. Généralement, la folie est au cœur d'une exploitation agricole ou viticole qui rapporte des revenus complémentaires.
Le château de La Forêt aurait été construit vers 1812-1814 par un entrepreneur de Nantes, Monsieur Perraudeau1. Une autre source l'attribue aux frères Fonteneau, armateurs nantais. Notre travail d'investigation suit son cours... et que toute personne ayant des informations supplémentaires n'hésite pas à nous contacter !
La façade Nord est composée de deux niveaux et neuf travées. Les trois travées centrales forment un avant corps entièrement en tuffeau surmonté d’un fronton à modillons d’aplomb et oculus. Les chambranles à crossettes, des portes-fenêtres, sont renfoncés. La balustrade en fer forgé est constituée de simples motifs géométriques en accord avec la noble sobriété décorative de l'édifice.
La façade Sud, par laquelle on arrive, présente toujours neuf travées, mais les parties latérales s'avancent et sont prolongées par deux ailes basses d'un seul niveau. Le plan général de l'édifice est donc en forme de U. De fait, le corps central se retrouve en retrait, formant une sorte d'alcôve accueillant le visiteur. On y accède par un perron de cinq marches en granite (tout comme le soubassement). La porte d’entrée principale est surmontée d’une large corniche à modillons appuyée sur deux consoles.
Le traitement des façades avec un enduit de chaux et de sable, fait ressortir harmonieusement la couleur claire du tuffeau utilisé pour les parties structurantes: les pierres d'angle, les bandeaux, les corniches et les chambranles.
La toiture en ardoise repose sur une corniche à modillons. Quatre lucarnes cintrées à croupe débordante la ponctuent et allègent le rapport des masses. Notons qu'autrefois existait un faitage en crète et un lanternon, ou petit belvédère octogonal en forme de campanile placé au centre de la toiture, comme le montre cette ancienne carte postale de 1905.
Les dépendances sont conçues en symétrie. Elles présentent des façades à trois arcades en décrochement dans lesquelles deux baies se superposent. Le dessin est souligné par la pierre de tuffeau.
1 - RAVARD, Guy-Jean, « Histoire d'une commune : Le Cellier », Histoire et Patrimoine au Pays d'Ancenis, n°18, 2003, p. 3 à 14.
René-Guy Cadou et les réfugiés de St-Nazaire
Le château de La Forêt a accueilli entre 1942 et 1945 une soixantaine de garçons réfugiés des bombardements de St-Nazaire et de Nantes. Mlle Tattevin y était directrice avec une équipe d’instituteurs parmi lesquels le poète René Guy Cadou. Inspiré par les lieux, Cadou y écrira son seul et unique roman "La maison d'été", véritable testament spirituel.
Deux articles remémorant cet épisode vont paraître prochainement :
- dans le n° 73 de la revue Histoire et Patrimoine éditée par l’Association Préhistorique et Historique de la Région Nazairienne (APHRN), en novembre 2009, Être jeune à St-Nazaire entre 1939 et 1945, Les gars de La Forêt, par Yvette Guyonnet,
- dans un n° spécial de la Revue 303, consacré à René-Guy Cadou. Un article d’Yvette Guyonnet Halte en campagne rappelle le travail d’écriture du poète durant cette période.