Manoir de la Vignette
Les propriétaires successifs :
Dates | Propriétaires |
1881 | Arthur Antonin JUCHAULT des JAMONIÈRES |
1897 | Léon JUCHAULT des JAMONIÈRES |
1947 | Charles Arthur JUCHAULT des JAMONIÈRES |
1970 | Philippe JUCHAULT des JAMONIÈRES |
Arthur Antonin JUCHAUT, baron des JAMONIÈRES, fit construire ce manoir en 1881 sur une parcelle de terre, propriété de la famille, ancienne dépendance du château de Clermont1. La « Vignette » tire son nom de la vigne dont les coteaux étaient jadis couverts.
Cette construction néo gothique, inscrite à l’inventaire2, rappelle, avec plus de raffinement, le manoir du musée Dobrée. Avant de confier le projet à l'architecte nantais Evariste SIMON, connu entre autres pour la synagogue de Nantes, le commanditaire prit soin de dessiner les moindres détails qu'il souhaitait voir réaliser. Dans un souci de perfection artistique, il choisit des représentations allégoriques variées pour l’ensemble des ferronneries des portes et fenêtres, esquissa des sculptures extérieures et intérieurs, notamment celles de l’escalier à vis en granit dont la rampe figure un corbeau et un renard… Les travaux furent confiés à des artisans locaux : HEAS et fils pour les charpentes et menuiseries, TELLIER pour les ferronneries, BLAIN et GARCION pour les maçonneries… et suivant des contrats évocateurs : « la maçonnerie sera réalisée selon les indications du plan et dans les meilleures conditions de solidité et d’élégance ».3
Toutes les façades laissent apparents le chatoiement et la polychromie des pierres. L'altière couverture en ardoise, à forte pente et coyaux, est rythmée de lucarnes à pignons conformes au répertoire gothique. L'encadrement des fenêtres à meneaux et croisillons des deux premiers niveaux est en granit. Celui de la porte d'entrée est sculpté pour former un arc en accolade orné de fleurons, de vignes et se terminant par des culots historiés. Une haute toiture à huit pans, surmontée d'un épi de faîtage, s'élance au dessus de la tour d’angle octogonale, abritant l'escalier à vis. Enfin, une cheminée présente sur cette couverture, résume par son seul ornement en brique et ardoise, la recherche d'élégance qui sied à la demeure.
La famille JUCHAULT des JAMONIÈRES
Deux branches sont issues de cette très ancienne famille: la branche JUCHAULT de la MORICIÈRE et la branche JUCHAULT des JAMONIÈRES. Elles étaient originaires de Nantes où elles exerçaient déjà de hautes fonctions au XVe siècle à Nantes ou au Parlement de Bretagne.
La branche des JAMONIÈRES commença avec Louis Marie JUCHAULT, écuyer, seigneur de la terre des Jamonières en Saint-Philbert-de-Grand-Lieu, dont il prit le nom. Il fit une belle carrière militaire et termina capitaine de grenadiers le 30 décembre 1757. Nommé chevalier de Saint Louis le 31 juillet 1747, il fut également député de la noblesse avec son frère Christophe, aux États Généraux de Nantes en 1764.
Le 1er juin 1767, il épousa à 54 ans, Rosalie de la BOURDONNAYE, de Liré, fille du puissant seigneur François Marie de la BOURDONNAYE. Son fils Louis Marie (1769-1772) épousa sa cousine Prudence Aimée JUCHAULT de la MORICIÈRE et vécut à Saint-Philbert-de-Grand-Lieu et à Clermont. Il fut Maire du Cellier de 1833 à 1837. L’un de ses enfants, Amédée JUCHAULT, baron4 des JAMONIÈRES, naquit à Nantes le 21 janvier 1803. Il épousa Augustine Aimée de la BORDE et mourut le 29 octobre 1881. Aimée de la BORDE était petite fille de Jean Benjamin de la BORDE, receveur général des Finances, Gouverneur du Louvre, compositeur, écrivain, géographe et ami de Voltaire.
Arthur Antonin JUCHAULT, baron des JAMONIÈRES (1837 Nantes - 1897 Paris)
Arthur Antonin JUCHAULT des JAMONIÈRES naquit à Nantes le 22 octobre 1837 et mourut à Paris le 28 mai 1897. Il épousa le 6 septembre 1870 Anna SIFFAIT, fille d’Albert Oswald SIFFAIT et de Rosalie Marie-Anne LORETTE de la REFOULAIS. Il était domicilié à Nantes, 3 place Saint Pierre et à la Vignette qu'il fit construire. Sa vie fut employée à de nombreuses fonctions : membre du Comité central (conseil d’administration) de la Société Archéologique de Nantes et de Loire Inférieure, Président de la Société des Bibliophiles Bretons, membre du Cercle Louis XVI, fondateur de la société artistique et littéraire « Le Crillon », membre de la commission administrative de la revue « Les étrennes nantaises » aux côtés de de CORNULIER, du Maire Ferdinand FAVRE, de la ROBRIE, du commandant d’ESTREE, du marquis de MONTIS, et du baron de KERSABIEC.
Arthur et Anna eurent cinq enfants.
Léon Fernand Christophe JUCHAUT des JAMONIÈRES (1872 Nantes - 1947 Le Cellier)
Né le 17 janvier 1872 à Nantes, il épousa Charlotte LITOU, de Saint-Herblain et mourut au Cellier en 1947. Pendant la guerre de 1940, alors qu'il était adjoint au maire Francis ATHIMON, il avait la réputation de ne jamais vouloir céder devant les Allemands. Ne reculant devant rien, il récupéra les fusils de chasse de la plupart des Cellariens, s’en porta garant au péril de sa vie, obtint l’accord des occupants… et il fut très content de les restituer à leurs propriétaires à la fin des hostilités5.
Pendant cette difficile période, son épouse avait organisé la collecte et l’envoi de colis aux prisonniers qui lui en manifestèrent longtemps une grande reconnaissance.
Charles Arthur JUCHAULT des JAMONIÈRES (1902 Le Cellier – 1970 St-Herblain)
Né à la Vignette le 18 avril 1902, il épousa Anne-Marie URVOY de la VERDINE. Mort à Saint Herblain le 16 avril 1970, il fut inhumé, à l'instar de ses ancêtres, dans la chapelle familiale du Chaffault à Saint-Philbert-de-Grand-Lieu.
Il suivit des études littéraires et juridiques à Poitiers, Nantes et Sciences Po Paris. Tireur d’élite de renommée internationale6, il fit ses premières armes à la société « La Mire du Cellier », et fut licencié à la « Saint-Hubert de l’Ouest ». Il s’entraînait sur le terrain que la famille possédait aux Mazères7. Après son premier titre de champion de France jeunesse au tir au fusil Lebel, à 200 mètres, il choisit de s’orienter vers la délicate discipline du tir au pistolet. Il gagna à de multiples reprises des championnats de France, au tir de vitesse sur silhouette à 25 mètres, au tir sur cible au pistolet libre à 50 mètres, au tir sur cible à 12 mètres, au tir au gros calibre à 25 mètres. Pendant plus de 25 ans, il conserva le record de tir à 50 mètres.
Il fut six fois champion du monde à 25 ou 50 mètres ; 2e à Saint-Gall (Suisse) en 1926, 3e à Rome en 1927 et détint un record longtemps inégalé aux Pays-Bas avec 552 points sur 600. Dès 1924, il participa aux Jeux Olympiques de Rome, puis à ceux de Berlin en 1936, Londres en 1948, Helsinki en 1952, Melbourne en 1956, et il fut toujours bien placé. En 1936, aux Jeux Olympiques de Berlin, il décrocha la médaille de bronze du tir au pistolet à 50 mètres. Favori, mais souffrant d’une forte migraine qui le handicapa, il réalisa 540 points sur 600, loin de son record de 552 et se plaça derrière le suédois ULMANN et l’allemand KREMPEL. Sur les 202 athlètes, il y avait sept Nantais, tous revenus avec une médaille, voire deux. En 1935, à Bruxelles, au championnat du monde de tir au fusil sur pigeons vivants, il décrocha la 8e place.
Ce sportif de haut niveau était cultivé. Il s’intéressait à l’écriture et à la poésie. Il était membre de diverses académies (l'Académie Violette en particulier). Parmi ses nombreux manuscrits, « Arles » obtint le Grand Prix de cette ville en 1967. Un poème « Automne » du 9 mai 1925 reflète une grande sensibilité.
Son fils, Philippe JUCHAULT des JAMONIÈRES habite actuellement la Vignette. Il fut conseiller municipal du Cellier de 1971 à 1977 sous le mandat d’Edouard TELLIER, puis Maire de 1977 à 2008.
(extraits de « Histoire et Patrimoine du cellier – les demeures historiques » (tome I), 2011
1 - Voir chapitre sur Clermont. 2 - Le parc est lui aussi inscrit à l'inventaire des parcs et jardins. 3 - Archives de Philippe des JAMONIÈRES. 4 - Le titre de baron lui échut à la mort de son frère aîné, Antonin, sans descendance mâle. 5 - Source : Philippe des JAMONIÈRES. 6 - Le complexe sportif du Cellier porte son nom. 7 - Actuel parking de la gare du Cellier.