Manoir du Pé-Bernard

Le terme « Pé » indique, dans le pays nantais, une situation élevée. Le Pé-Bernard domine en effet une vallée appelée « coulée du Cerny ». La demeure, construite au XVIIe siècle, se compose d'un corps de logis principal, bâti sur trois niveaux et deux travées, et de deux ailes destinées aux communs (écurie, pressoir, remise...). L'ensemble en U forme une cour fermée, équipée d'un puits sur le côté. Cet espace est prévu pour être fonctionnel, tandis que la façade opposée donne sur des vergers et jardins d'agrément. Une distinction est faite entre le pavillon central dont la couverture à quatre pans est en ardoise, et les bâtiments annexes qui sont revêtus de tuile. La pierre de taille, en tuffeau, est réservée aux chaînes d’angle, corniches, lucarnes et encadrements des baies. Celles du dernier niveau, les lucarnes, sont surmontées d'un élégant fronton triangulaire.

Propriétaires du Pé-Bernard

DatesPropriétaires
Vers 1700François-Hippolyte HAY de SLADE, épouse Modeste de SOUSSAY
 Henri-Joseph HAY de SLADE, épouse Louise de VEZIAN
1851Pierre VIOT-MICHON COSTER
Vers 1900 ?Michel COUILLAUD, épouse Odette VIOT MICHON-COSTER, sœur de Pierre VIOT
 Mme Vve Michel COUILLAUD
1991Christophe DELAUNAY

Une illustre famille : les HAY de SLADE.

Originaires d’Irlande, ils ont été reconnus nobles en France en 1763.

Ce blason est « d’argent à trois écussons, de gueules », la devise est « Serva, renovate animos », c'est à dire « sert sous le joug, ranime les âmes ». L’écu est orné d’un casque et de ses lambrequins. La couronne est ducale. Le cimier représente un vol de faucon. Le cri est « Hay ! Hay ! ». Le blason et la devise figurent dans l’église du Cellier, sur le vitrail du transept gauche représentant Sainte-Anne et Saint-Joachim avec la Vierge enfant.

Les Hay étaient à l’origine de simples laboureurs écossais qui s’illustrèrent lors de la célèbre bataille de Lancastre contre les Danois. Ils contribuèrent, par leur bravoure, à la victoire de l’armée écossaise. En récompense, ils obtinrent des terres et furent anoblis. Cette famille s’établit en Irlande au XIIe siècle, puis, fuyant les persécutions envers les catholiques, ils s'installèrent en Bretagne en 1698. Le nom est toujours porté par de nombreuses familles bretonnes. Un enclos funéraire de la famille HAY de SLADE se trouve dans le cimetière du Cellier.

 

François-Hippolyte, chevalier HAY de SLADE

Né vers 1774, il fut nommé lieutenant au Royal Champagne Cavalerie à Chartres en 1792, puis capitaine et chevalier des Ordres Royaux et Militaires de Saint-Louis sous le règne de Charles X. Domicilié à Nantes, rue Suffren, il épousa en 1799, en premières noces, Modeste de SOUSSAY, fille d’Anne-Claude de SOUSSAY, seigneur de la Guichardière et de Marie-Louise GOUIN. Son épouse décéda le 22 février 1814, à 35 ans, en sa demeure du Pé-Bernard. En deuxièmes noces, François-Hippolyte épousa Alexandrine CHAURAND, issue d’une grande famille de négociants nantais tenant leur prospérité du commerce triangulaire.

Le domaine du Pé-Bernard s’étendait alors de la Loire jusqu’à l’actuelle route départementale 723, et du village de la Barre, à Mauves, jusqu’au ruisseau de la Meilleraie. En 1851, Henri-Joseph HAY de SLADE et son épouse, Louise de VEZIAN, domiciliés à Paris, vendirent le Pé-Bernard à Pierre VIOT-MICHON COSTER, industriel nantais.

Henri HAY de SLADE, un descendant, fit une brillante carrière militaire dans l’aviation en 1917. Il fut nommé Commandeur de la Légion d’Honneur, Croix de Guerre à 15 palmes, avec 18 citations pour ses faits d’armes.

 

Le Colonel Michel COUILLAUD

Le lieutenant-Colonel Michel COUILLAUD épousa Odette, sœur de Pierre VIOT MICHON-COSTER. Ils s’installèrent au Pé-Bernard en échange de la propiété du Cerny1

Michel COUILLAUD, le plus jeune des fils de Paul COUILLAUD, propriétaire du Cerny, prépara une carrière militaire à Saint-Cyr. Après diverses affectations, il partit en 1925 comme volontaire pour le Levant commandant du 18e escadron d’Autos-mitrailleuses dans le Djebel Druze et termina à Damas où son épouse le rejoignit fin 1925. Ayant servi comme bénévole à l’hôpital de Damas, Madame COUILLAUD reçut la Croix de Guerre TOE2 avec citation. Michel COUILLAUD fut ensuite affecté en France. Promu capitaine à Angers le 25 mars 1938, il fut fait prisonnier par les Allemands le 14 juin 1940 et passa sa captivité en Poméranie. Avec l’avance de l’armée soviétique, les prisonniers se replièrent à pied jusqu’à Hambourg. Nommé Major de Garnison à Nantes, il obtint, à sa demande, sa démobilisation le 1er avril 1946. Pendant 14 ans, il fut Secrétaire Général du service social rural à la Mutualité Sociale Agricole de Nantes. À partir de 1961, il séjourna au Pé-Bernard auprès de sa nombreuse famille : onze enfants, dont Hubert, mort en Algérie, et trente et un petits-enfants.

L’actuel propriétaire, Christophe DELAUNAY3, est le petit fils du Colonel. Il reprit la propriété en 1991, après le décès de sa grand-mère.

 

(extrait de « Histoire et Patrimoine du Cellier – Les demeures historiques » (tome I), 2011)

 


1 - Voir le chapitre sur le Cerny. 2 - Sigle de « Théâtre des Opérations Extérieures » qui concernait les interventions militaires hors métropole. 3 - Il est le fils de Claude DELAUNAY et de Thérèse COUILLAUD.